En ce sens que nous voici freinés par l'hospitalité bretonne! On conviendra qu'il est plus facile, une fois la voilure établie et bien assis sur le vent, de naviguer de mille en mille, de kilomètre en kilomètre, lentement mais sûrement, que d'aller d'escale en escale, de bonnes adresses en bons plans. Que du bonheur, que de lenteur!

Après le "cycle des anniversaires"à Pabu et autres lieux de plaisirs, nous avons le 1er août mis le cap sur Morlaix puis les monts d'Arrée, en centre Bretagne, terre salutaire d'une autre sorte de lenteur, de landes ondulantes et d'air chaud. Bon pour le foie. Escale à Saint-Rivoal chez Christophe et Catherine, d'où il est nécessaire mais aisé de marcher 14 kilomètres aller-retour pour faire les courses, tout en méditant sur le balisage des sentiers, les services des Offices de tourisme et les pique-niques sur les parvis des églises paroissiales. Tiens, il fait soleil et chaud: pas désagréable du tout, on avait perdu l'habitude de l'été. Entre les excursions aux champignons, le buttage de poireaux dans le potager des copains, les rencontres inspirantes et les visites instructives des lieux de culture, le farniente favorise l'écriture et la réflexion, la cuisine égaye les papilles.

Le 9 août, temps de migrer venu, les crêtes des monts d'Arrée sont les plus belles, à pied entre Saint-Rivoal et Plouneour-Menez; les landes et tourbières sont les plus riches, toujours à pied entre Le Cloître-Saint-Thégonnec et les Landes du Cragou et les bons vivants accueillants sont rassemblés au Gîte du Plessis, au Cloître, bien assis cette fois chez Jean-René Prouff et sa compagne Geneviève. Notez cette adresse!

Hervé et Hélène sont venus nous cueillir là le 12, lentement à bord de la vénérable R5, en route vers Trémuson et l'espoir entre autres bonheurs, d'une sortie en Baie de Saint-Brieuc à bord du Grand Léjon, voilier ancien, ambassadeur de l'endroit. La nature ne l'a pas entendu ainsi: un exceptionnel «avis de tempête» (vents annoncés de 90 à 100 km/h, inusité pour la saison) et une météo favorable aux escargots nous a cloués à nos fauteuils, à nos bricolages et à nos crayons. Décidément, la mer ne veut pas de nous cette année! Dans ces conditions, nous non plus, on n'en veut pas. On restera donc à terre, à marcher plus tard nos six kilomètres avec Marie la Botaniste, le long des fossés et remblais fleuris à pleines couleurs, histoire d'apprendre encore, et avant de poser notre sac chez Georges et Maryvonne pour quelques jours. Nous y voilà: un «avis de coup de vent» et forte pluie le 18 viennent encore de nous garder d'une sortie en rade de Brest. Tonnerre de celle-la!

Mais la lenteur fut, ou presque, et malgré la lente, très lente avance des heures, il finit toujours par venir le temps de l'apéro.

Et la lenteur fut, ou presque

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